SportsTahiti MAG’ : Johann Hironui Bouit, « Un sportif, un journaliste mais surtout un amoureux de sa culture polynésienne »

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Vendredi 22 Juin 2018 – Ancien sportif de haut niveau et désormais entrepreneur indépendant multitâche, Johann Hironui Bouit se définit lui-même comme un passionné. Une vie à 100 à l’heure, des activités tout au long de la semaine et des projets plein la tête, il a pris le temps de répondre à Sportstahiti MAG. Rencontre.

Elevé par ses grands-parents, Johann a grandi entre Papeete, Moorea et Teahupo’o mais il a aussi et surtout vécu à Hawaii pendant 20 ans. Il est parti y vivre juste après le collège et a ainsi pu apprendre la langue de Shakespeare, tout en embrassant un parcours sportif prometteur : « J’ai été introduit dans le cadre du sport scolaire au football américain, au football, à la lutte olympique, et à l’athlétisme, les 4 disciplines que j’ai choisi de pratiquer plus sérieusement. Avec mes résultats et mes performances au niveau de l’état d’Hawaii, j’ai été désigné au lycée, meilleur athlète de l’année et meilleur athlète scolaire (j’avais une moyenne de 3,93/4.0 sur les 4 ans de scolarité) en suivant un cursus préparatoire scientifique. »

Vient ensuite le temps de l’Université et le sport de haut-niveau : Yohann se démène pour atteindre ses objectifs. A l’issue de ses années au lycée, il réussit à intégrer l’équipe de Hawaii de football américain qui a marqué l’histoire du foot US de l’archipel en devenant championne du Holiday Bowl, le titre récompensant la meilleure équipe universitaire des Etats-Unis. « J’étais titulaire ailier droit, porte parole de l’équipe dans de nombreuses interviews télé parce que j’étais certainement représentatif de ce qu’était l’équipe : petite, n’ayant pas les grands moyens comme d’autres Universités, nous étions majoritairement des joueurs polynésiens (hawaiiens, Samoa, Fidji, Tonga, maori et moi Tahitien) avec beaucoup d’humilité et de respect. » Yohann hérite même d’un surnom : « the speedy from Tahiti ».

« Mes passions, on les trouve dans les sports, la culture et la santé »

 » Mes études étaient en suspend après avoir été recruté par une équipe professionnelle de la NFL, les Atlanta Falcons. Je me suis appliqué dans ma préparation physique pour pouvoir intégrer le niveau professionnel avec des résultats conséquents en vitesse, agilité et puissance au niveau force athlétique et en démontrant une bonne hygiène de vie, sans alcool et sans tabac. »


 Johann Hironui Bouit au top de sa forme : A 78 kgs, mon développé couché max (350 lbs) 160 kgs. Squat max (555 lbs) 250 kgs. Détente statique de (38,5 pouces) 98cm. Vitesse sur (40 yards) 36 mètres de 4,43 secondes.


Titulaire et meilleur attaquant d’une équipe championne, l’avenir sportif de Yohann semble prometteur. Il arrête même son cursus car il est recruté par une équipe professionnelle de la NFL, les Atlanta Falcons. « Je me suis appliqué dans ma préparation physique pour pouvoir intégrer le niveau professionnel, hélas, lors d’un entraînement j’ai succombé à une blessure au pied (métatarses cassés) qui m’a obligé à céder ma place à une autre personne et peut-être bien manquer un contrat de professionnel. » Il accepte difficilement cette opportunité ratée et décide de poursuivre ses études et devenir encadrant dans un lycée puis entraîneur de foot US, spécifiquement chargé de la préparation physique des athlètes. Pendant 10 ans, plusieurs centaines de sportifs de haut-niveau hawaiiens passent par ses entraînements et cela toutes disciplines confondues. Il engrange également de l’expérience en médecine et dans de nombreuses spécialités.

Le retour en Polynésie : un déclic pour Johann

« Tout à coup, un évènement m’a arrêté dans mon élan : le voyage de Hokule’a sur Rapa Nui en passant par Tahiti. Ayant la double nationalité, française et américaine, je ne pensais pas revenir vivre à Tahiti, mais l’envie de revenir est survenue en 1994 quand Gordon Barff (un de mes grands mentors) m’a dit que je pouvais faire les jeux du pacifique à Tahiti en 1995 parce que j’avais grandi là-bas. Je me suis alors engagé à me préparer pour représenter Tahiti dans l’athlétisme. J’ai vécu une belle expérience en remportant une médaille de bronze au 110m haies malgré une gastro survenu lors des jeux. Une belle expérience quand même car ce fut la première fois que je représentais mon pays. La graine pour le retour avait été plantée. » Il décide par la suite de se consacrer à ses origines et aux sources culturelles dans le Pacifique. En 1999, il devient membre à part entière de Hokule’a et participe au voyage à Rapa Nui, ce qui ne sera d’ailleurs pas sa seule expérience.

Les années en tant que journaliste…

Et oui, après le sport, la médecine, la culture, Yohann Bouit se lance dans les médias en intégrant TNTV en 2002. Polyvalent depuis toujours, il s’adapte et à apprend très vite à filmer, réaliser et présenter. Durant cette expérience de 5 années, il commente l’actualité et encadre même des équipes. Il couvre des événements sportifs et, étant anglophone, il voyage en tant que journaliste à travers le Pacifique tissant des liens partout où il va. « J’ai quitté TNTV en 2008 pour me consacrer à la réalisation de films documentaires. » Une expérience qui dure deux ans à Hawaii avec à la clé une trentaine d’émissions et plusieurs autres réalisations. Yohann est définitivement un homme à part, jamais rassasié.

Son investissement dans le sport polynésien

« Depuis maintenant 5 ans, je m’investis dans le sport au niveau de la préparation physique des nageurs et des watermen avec le Club OLP. Puis au niveau de l’athlétisme avec le club Aorai et la fédération d’athlétisme de Polynésie française, je suis entraîneur. Je suis actif avec le mouvement sportif en étant président de la Fédération Tahitienne de Football Américain et en organisant la première sélection de Tahiti ainsi que les premières rencontres internationales sur Tahiti avec l’Australie et les Samoa Américaine. Je suis aussi secrétaire de Wrestling Tahiti, une association sportif de lutte olympique. » Dans le sport polynésien pour 2018 et les années à venir, il continuera de participer à l’encadrement de jeunes sportifs (natation, athlétisme etc…), à former des entraîneurs de football américain et à œuvrer dans l’organisation des déplacements à l’étranger pour des rencontres sportives de niveau international. Il projette également la réalisation d’un nouveau film documentaire et des émissions pour la télévision concernant le sport, la santé et la culture. Yohann est un homme de 47 ans qui ne s’arrêtera jamais.

Son message pour les sportifs polynésiens

« Pour les sportifs polynésiens d’aujourd’hui, après avoir acquis votre expérience, après avoir atteint vos objectifs, soyez conscients que vous êtes les meilleures personnes pour transmettre les connaissances de votre discipline et les valeurs du sport à la prochaine génération. C’est votre devoir de transmettre. Le sport vous a permis de vivre des expériences qui fortifient votre confiance et votre état d’esprit. Vous êtes les catalyseurs pour allumer la flamme de l’ambition dans nos jeunes qui sont pour la plupart plein de potentiel mais sans la volonté de viser plus loin, de viser le plus haut sommet et d’y mettre le travail nécessaire. Même si ce n’est qu’une heure de bénévolat par semaine, vous devenez une personne de plus dans la vie de quelques jeunes qui ont besoin d’encadrement. » Un message plein de sagesse et de dévouement.


Yohann Hironui Bouit (version 2017 – 2018)

Situation professionnelle : « Je suis consultant en communication (en ce moment pour la santé). Je suis également producteur/réalisateur d’émissions de télé et de films documentaires, traducteur et guide culturel/touristique. En tant qu’entrepreneur, en mode survie, j’ai appris à diversifier mes activités. »

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M.D

l'auteurPN

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