SportsTahiti MAG’ : Rehia Davio : « Rendre au judo ce qu’il m’a donné !

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Après vingt-huit ans de compétition, il a décidé de changer de voie en 2008. Rehia Davio, quarante-sept ans, a consacré plus de la moitié de sa vie au judo.

La première partie en tant que judoka, la deuxième en tant qu’arbitre. Toujours sur les tatamis. Il est ainsi le premier Polynésien à être devenu arbitre international de judo. Rencontre.

Il y a six ans, Rehia Davio quitte Tahiti et retourne vivre sur son île de cœur, Taha’a. Après dix-neuf ans à l’OPT en tant que technicien, l’ex-judoka décide de retourner au secteur primaire, à Patio, « d’où est originaire ma famille ». L’apiculture, l’agriculture ou encore la production de vanille deviennent son quotidien. Une nouvelle voie professionnelle s’offre à cet homme de défis, né en 1974. Parallèlement à ce parcours, Rehia devient aussi une figure du judo polynésien et, depuis l’île vanille, il assume aujourd’hui plusieurs fonctions dont celles de président de l’Union de Judo Océanienne (OJU) et désormais d’arbitre international. Avant d’en parler plus en détails, il nous faut présenter l’athlète.

Vingt-huit ans de compétition

Champion de Polynésie dans toutes les catégories par lesquelles il est passé, Rehia Davio mène une brillante carrière en tant que judoka. Il remporte plusieurs tournois dans la zone Pacifique et décroche même l’argent aux Océania de 2006, dans la catégorie des moins de 81 kilos : « J’ai commencé le judo en 1979, je n’avais pas encore cinq ans (…) et je pense que ma première compétition, c’était en 1980 », se rappelle-t-il. « Ma mère ne voulait pas que je fasse de la boxe alors mon père, qui connaissait Robert Rota, mon premier entraîneur, m’a emmené faire du judo. » Le gamin accroche tout de suite et c’est ainsi qu’il se lancera corps et âme dans ce sport. Il participe notamment à plusieurs éditions des Jeux du Pacifique Sud (1999-Guam, 2003-Fiji, 2007-Samoa) pour un bilan de trois médailles de bronze en équipe et en individuel. « Le judo m’a tout donné. (…) J’ai voyagé, j’ai rencontré beaucoup de monde et j’ai des liens d’amitié qui n’existeraient pas si je n’avais pas connu le judo. J’ai de vrais amis que j’ai connus grâce au judo. »

L’arbitrage comme « reconversion » : une révélation ?

En 2008, rattrapé par les blessures, « le corps ne suivait plus », il se lance dans l’arbitrage. « Je suis d’abord devenu arbitre au niveau océanien. J’ai passé mes niveaux puis je suis devenu arbitre continental. Il s’agit du premier niveau international et tu peux être sollicité pour arbitrer les plus grands tournois du monde, mais pas les Jeux Olympiques et les championnats du monde. » Son rêve ? C’est justement d’arbitrer les Jeux Olympiques. Pour pouvoir le réaliser, Rehia, plus déterminé que jamais, doit franchir la dernière étape à savoir devenir arbitre international. « Avant de pouvoir passer l’examen et devenir arbitre international, il faut avoir été arbitre continental pendant au moins quatre ans, et être ceinture noire 3e dan de judo. » L’arbitre du club de Tefana passe ainsi l’examen final avec brio, et devient le premier arbitre polynésien international de judo le 24 octobre 2021.

Rencontre avec Rehia Davio, arbitre international de judo et président sortant de l’Union de Judo Océanienne (OJU).

Comment se déroule l’examen d’arbitre international de judo ?

« Tu as d’abord une partie théorique. Tu passes un examen d’environ une heure ainsi qu’un entretien avec un jury. Ensuite, par vidéo, tu dois faire une démonstration des 100 techniques référencées du Kōdōkan (littéralement « école pour étude de la voie » qui est le dojo fondé en 1882 par Jigorō Kanō, le créateur du judo). Ensuite, tu as la partie pratique où tu es évalué sur une compétition internationale durant deux jours. Pour moi, ça s’est passé à Malaga en Espagne, au mois d’octobre. Tu arbitres pendant deux jours et tu es noté sur chaque combat. Ils regardent si tu es bien placé, si tu as bien fait respecter le règlement. »

Tu ressentais du stress pendant ton évaluation ?

« C’est vrai qu’au début, tu as toujours de la pression mais une fois que le combat est lancé, tu es dans une bulle, tu penses à arbitrer et que tout se passe bien pour les athlètes. Tu ne penses plus à l’évaluation. Avant de monter sur le tapis, tu y penses mais une fois que tu demandes aux athlètes de monter sur le tapis, tu oublies. La partie où tu es noté, tu n’y penses plus. »

Occupes-tu aussi d’autres fonctions dans le judo ?

« Oui, je suis arbitre pour le club de Tefana, avec Laetitia Wuilmet que je salue au passage. Salut aussi et merci à Nicolas Tivant. Tous les deux font un excellent boulot pour le club. Depuis 2017, je suis aussi président de l’Union de Judo Océanienne (OJU). Pour l’anecdote, au départ je ne voulais pas. Je voulais absolument devenir arbitre international et faire les JO. Mais le président de la fédération australienne m’a soutenu, mes proches m’ont poussé et m’ont dit “de voir plus loin”. C’est comme ça que je me suis présenté et que j’ai été élu en avril 2017 pour représenter 14 fédérations océaniennes au niveau des instances mondiales du judo. (…) Je suis candidat à ma réélection en janvier 2022. »

Quel bilan peux-tu défendre pour le judo océanien ?

« Lorsque je suis arrivé, sur l’ensemble de l’Océanie, les 14 fédérations, il y avait 12 000 licenciés. Mais en l’espace de deux ans, on est passé à 17 000. On est en train de structurer certaines fédérations car on est un continent mais certains territoires ont de très petits budgets, de même pas 500 000 Fcfp à l’année. Alors on essaye de soutenir la pratique du judo dans ces petits territoires. Avec la pandémie, tout s’est quasiment arrêté car tous les pays ont fermé leurs frontières. Tout est au ralenti. Mais on prépare un projet pour le développement du judo féminin. Il y a l’exemple d’une judoka des îles Kiribati, une ancienne lutteuse que l’on a entraînée en judo et qui a participé aux JO de Tokyo. Elle a l’intention de rentrer chez elle, une fois la crise sanitaire finie, une fois les JO de Paris terminés, pour développer le judo dans son territoire. C’est une belle histoire. »

Quelle est la suite pour ta carrière d’arbitre international ?

« (Rires) Je suis un cas particulier au niveau mondial car je suis arbitre international mais aussi président de l’Océanie donc il faut que je voie ce à quoi je peux participer en tant qu’arbitre. Mais à cause de mes fonctions, il ne faut pas qu’il y ait de conflit d’intérêt par rapport aux athlètes d’Océanie donc on est en train d’éplucher les règlements, et on verra ce que je pourrai faire. Si je ne suis pas réélu, alors ce sera plus simple et je pourrai être arbitre international sans restriction. »


Les deux infos en plus :

  1. L’arbitre a la responsabilité de la conduite et de la validation du combat mais selon Rehia Davio, il doit surtout veiller à la sécurité des combattants.
  2. Les arbitres internationaux ont un classement mondial et ce sont les meilleurs qui vont aux JO

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