Tahiti X Trail : résumé d’une aventure humaine par Alain Bohard

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Immergé à 90% dans un milieu naturel hors du « monde », ce défi restera avec les 10% restant une Grande Aventure Humaine

 Prologue : Lundi 16 février

Course à pied : Mairie de Pirae (10 m) – Sommet Mt Aorai (2066 m). 3H04’

13H45 : Le départ est donné en toute simplicité, comme je le souhaitais, par l’adjointe au maire de la mairie de Pirae engagée elle aussi dans un programme de soutien à la condition féminine. Un coup de projecteur supplémentaire sur l’association Vahiné Orama que j’accompagne dans son action.

«Bob », alias Vaihiria Ponsard m’accompagne sur les portions terrestres (course à pied et Vtt)

« Géant vert »

En 3H04’ d’ascension, sans forcer, juste sur le plaisir, « Le  Géant vert », fidèle à lui-même dévoile au compte goute (pluie, brouillard la majeure partie de l’ascension) de magnifiques paysages. Alors quand, au sommet, « la fenêtre s’ouvre », c’est magique.

On retrouve « la caravane des supporters de l’Xtrème » qui a fait expressément le déplacement depuis la Presqu’île au refuge de Fare alta. Malgré la météo capricieuse, l’ambiance est au beau fixe. Le triptyque : Saucisson, Sardines, Sourires est bien en place.

1ère étape :Mardi 17 février. « On my long way home »

Course à pied (Vtt depuis belvédère): Refuge Fare alta – Arue (coopérative pêcheur). 1H58’

5H10. La descente débute à tâtons sous la voûte étoilée à la frontale. La lumière qui gagne du terrain laisse apparaître le site dans toute sa splendeur

Nos Vtt nous attendent au belvédère pour une folle descente sur Arue.

  • Kayak : Arue (coopérative pêcheur) – Mahina (Pointe Vénus). 40’

Sans transition, je saute dans mon « Poisson rouge ». A peine le temps de jeter un regard empreint de nostalgie du côté de l’Aorai qui se dresse fièrement dans la lumière éclatante du jour naissant et d’admirer un groupe de dauphins joueurs que déjà se profile le phare de la Pointe Vénus. Il est à peine 8H et je mesure déjà le chemin parcouru…et celui qui reste à accomplir !!!

VTT : Mahina (Pointe Vénus) – Papeari (via traversiére Papenoo – Mataiea). 4H13’

Bob remet le pied à l’étrier pour une virée que l’on peut qualifiée de « juge de paix » sur ce défi, pas tant par sa difficulté mais surtout par la gestion de l’effort que suppose le parcours tout en dent de scie et exigeant. Une donnée importante à prendre en compte pour la suite du programme de la journée  (25 km de Vaa’a à accomplir tout à l’heure) et surtout demain une autre traversée est au programme entre Teahupoo et Tautira par l’intérieur. Il faudra être frais …et souriant comme d’habitude face aux éléments.

En remontant la vallée, on remarque la cascade de Vaihiaruru (pk 8) impressionnante de puissance avec ses 90 m verticaux qui servira demain de final (descente en rappel) au Tahiti X Trail.

La tendance se confirme, Bob accuse le coup et lâche prise, à cause de crampes, dans les rampes qui mènent au col.

Le versant Ouest est de toute beauté. Dépouillé, sauvage, sombre et secret. Un bouillon énergie 100% bio. L’accès au lac Vaihiria est chaotique, tourmenté mais tellement comme on aime.

Bob abandonne définitivement à son domicile de Mataiea. Une grosse désillusion pour ce Aito qui restera quoi qu’il arrive un compagnon de route privilégié. On se retrouvera en compétition à Tahaa’a sur le raid Vanira. « Tu es un Aito Bob »

Vaa’a : Papeari (club vaa’a Bernardino) – Te Pari (embouchure Vaihiarava). 3H01’

La journée n’est pas terminée pour autant il me reste 25 km de rame pour atteindre la dernière passe avant le Pari « chez Mamie Rosine »

Papeari  club vaa’a « chez Bernardino ». L’image est symbolique et inattendue puisque pas préméditée. Je reçois les encouragements de deux figures du vaa’a polynésien pour ce énième départ .Yvon porteur de la marque Are et Philippe Bernardino concepteur lui aussi.

La mer est un peu agitée et surtout bien orientée à partir de Punuui. …3H01’ pour gagner sa place au bout de la Presqu’île chez Mami Rosine à la générosité légendaire….et c’est peu de le dire !!!

2 eme étape : Mercredi 18 février. « Poor alone cow boy»

Course à pied : Embouchure Vaihiarava – Tautira par traversière intérieure. 25 km : 3H47’

4H45 : La nuit à été courte mais salvatrice. Je dois attendre 5H30 avant de prendre le départ à la frontale tellement le couvert de la végétation empêche la lumière de pénétrer. Je marche, puis trottine et fini par galoper au fur et à mesure que l’éclairage naturel s’intensifie. Les jambes sont d’abord « pas très d’accord » avec ce régime, mais acceptent résignées devant ma volonté de ne pas s’éterniser en brousse. Le parcours Vtt d’hier à comme je le soupçonnais endommagé la machine. Les plus à plaindre sont les cervicales, les trapèzes et les quadriceps qui sont long à la détente.

Tout seul dans la forêt, je suis dans mon élément. Le cadre est grandiose, intact, entaillé de torrents aux courts agités. Les souvenirs d’enfance reviennent.

Dans ce contexte engagé la clairvoyance est de mise. La moindre erreur pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Cela n’empêche pas quelques figures spectaculaires non conventionnelles à la limite de la rupture.

…La pente s’accentue de plus en plus. L’enfilade de cordes marque la partie sommitale. J’atteins le col (mi parcours) en 1h46’contre 3h35’ la semaine dernière lors de la reconnaissance-balisage. Et là, catastrophe. Je sors l’appareil pour un selfi comme preuve de mon passage et rien dans la pochette ventrale. « NON ». Tout le déroulé du raid depuis le départ envolé je ne sais où. Ou plutôt si quelque part entre le gros rocher dans le lit de la rivière ou j’ai pris un cliché avec retardateur et le col. C’est-à-dire trop loin pour faire demi-tour. Le programme de la journée est trop serré pour rebrousser chemin ; (cela va se vérifier par la suite et plus que je ne pouvais l’imaginer !). Conséquence : Demain « Extra time » et retour sur site pour retrouver « le trésors »

Dés mon retour sur Tautira, j’appel Mami Rosine qui met en place un plan « Retrouver l’appareil photo » avec comme acteur un chasseur de crevette chargé de remonter la rivière. Bonne chance

Une belle image (au moins, celle là elle restera). A 1km du but sur la piste menant à Tautira, tel n’est pas ma surprise de voir La présidente du club d’athlétisme de Taiarapu accompagnés de Sylvain, Sabrina et leur enfant venue expressément à ma rencontre. Mauruuru les amis.

Le bateau n’est pas encore « à quai » (plage Tautira). Qu’a cela ne tienne, je poursuis encore 2 km en direction de Pueu avant que Gépéto, « l’armateur » m’aide à la mise à l’eau improvisée. Toute la fin de journée, il tiendra le rôle de reporter (j’en avais besoin), de préparateur logistique (acheminement et rapatriement kayak, vélo), de poisson pilote (accompagnement en kayak de Motu Nono à Faaone).et de Président des supporters. L’homme de l’ombre à encore frappé. « Tu es un chef ! »

Kayak : Tautira (pk 14) – Faaone (pk 2). 2H10’

Les dieux sont avec moi, la météo est favorable sur tout les tronçons, quelque soit l’activité et l’exposition (côte Est et Ouest).

Devant moi ce profile le Motu Nono, « ma résidence secondaire » et plus loin ma maison à Faaone terme de la partie nautique. La houle d’un mètre de coté est agréable. Gépéto m’accompagne comme reporter jusqu’à l’arrivée devant « la porte » de mon domicile.

Vélo : Faaone (pk 2) – Papenoo. 1H11’

La famille au grand complet et Gépéto suivent les derniers tours de roue du Tahiti X Trail. Les sensations sont toujours aussi bonnes. Je reste prudent sur les développements. Un 42 – 15 ira très bien d’autant plus que je ne sais pas encore à quelle sauce j’allais tremper du coté des cascades de Vaihiaruru et de sa marche d’approche typée « chasseur »

R.A.S sur cette liaison. Un simple lien vers un final en apothéose. Je n’en ai pas terminé pour autant. Je reprends le Vtt direction l’intérieur de la vallée (pk 6).

Opération commando

Je retrouve avec un très très grand plaisir les frangins : Sam Parlé Roscol, JP et Hélène la compagne du Sam. Un vrai cadeau qu’ils me font là avec cette douche Géante. Enorme !

« Ca va envoyer du Gros », je connais « les oiseaux » et leurs facultés d’adaptation en milieu périlleux (c’est leur métier à la Protection Civile). Je les suis les yeux fermés sans aucune appréhension

« En tout et pour tout, seule 10 personnes sélectionnées sont passée sous  la douche. A coté, La cascade de la Fautaua c’est du pipi de chat ». Le ton est donné.

2 h de marche d’approche droit dans la pente puis au coupe-coupe et 2 rappels de 10 m plus tard, (sans compter les démangeaisons insupportables duent aux fourmis de feux), « Le Trou » apparait vertigineux. Yes. !

La nuit pointe quand je me lance .Le débit de la cascade me plaque contre la falaise, je me fais chahuter. C’est une lutte permanente pour rester hors de l’axe du flux d’eau lourd et assourdissant. Malgré l’inconfort « Quel Pied ! ».De l’émotion et des sensations à l’état pur. J’avais demandé une bonne douche pour terminer, j’ai été servi !. Il faudrait juste régler le débit de fort à moyen !

Sam achève sa descente tel une luciole dans la nuit noire à la frontale. Il est plus de 20h !

Accolades de mise et embrassades clôturent ce raid dans la simplicité au fond d’une vallée entre famille et amis.

« Mauruuru Tahiti, Mauruuru amis polynésiens » et une pensée particulière pour tous ceux qui ont participé à cette aventure qui restera Humaine avant tout ; Avec par ordre de passage :

Gépéto

La Mairie de Pirae

Le club des supporters de l’Xtréme

Axel (Arue)

Arthur (Mahina)

Philippe (Papeari)

Mami Rosine (Teahupoo)

Sam and Co (Protection Civile)

Et n’oubliez pas, la lutte continue. Soutenez l’association Vahiné Orama Tahiti Iti qui œuvre de façon remarquable contre la violence conjugale.

Envoyez vos dons à :

Vahiné Orama Tahiti Iti

BP 15 402

Mataiea

87 24 81 67 Marie Noelle Epetahui vahineoramatahitiiti@mail.pf

Coté sportif

  • 21H29’. (temps cumulé de course sans transition) pour les 212 km parcourus.

Moins de24 heures d’effort semblait impossible. Devant la pression il a fallu se remonter les manches. Un petit challenge qui ne m’a pas déplu.

Alain Bohard

l'auteurPN

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