SportsTahiti MAG ‘ : Poenaiki Raioha, 10 ans d’efforts pour être champion du monde

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Vendredi 17 Avril 2020 – Après dix années de dévouement à sa passion, le stand up paddle surf, et un premier titre mondial ISA 2014 en amateur, Poenaiki Raioha a décroché fin 2019 le titre de champion du monde professionnel décerné par l’association des paddleurs professionnels (APP).

Poenaiki a obtenu dans la foulée le prix du meilleur athlète 2019 et celui du meilleur ambassadeur Air Tahiti Nui lors des Trophées du sport en février dernier. Il doit beaucoup à son mentor, son grand-père Jean-Michel Raioha, « Pa’ » comme il l’appelle affectueusement. Il vise désormais les titres 2020 et 2021 qui lui permettraient de ramener la coupe « à la maison » mais il s’intéresse également au foil et au surf de gros, le sup surf étant en perte de vitesse. Rencontre.

Ton titre 2019 vient couronner 10 ans d’efforts ?

« J’ai bien commencé l’année 2019 en gagnant la première étape à Hawaii alors je me suis dit qu’il fallait que je saisisse ma chance. Oui, cela fait dix ans que je suis dans le World Tour et que j’essaie d’aller chercher la première place mais ce n’est que depuis l’année dernière que je me suis vraiment mis à fond à l’entraînement. Presque tous les matins, je vais pédaler et l’après-midi je fais du surf. Cela a bien marché. Mon grand-père m’entraîne et il a toujours été derrière moi pour m’encourager et m’inciter à rester concentré sur la compétition. »

Comment se présente le championnat 2020 ?

« Trois étapes sont programmées cette année. La première étape, on ne sait pas où elle va se passer car l’organisation n’a pas eu l’autorisation de la faire à Hawaii comme en 2019. Ce serait super que cela se passe ici à Tahiti… Il y aura ensuite l’étape à La Barbade en novembre et, deux ou trois semaines après, ce sera la dernière étape aux Canaries. »

Comment vois-tu le développement de la discipline ?

« L’APP est beaucoup moins importante que la WSL, la ligue pro du surf. Quand j’ai commencé, il y avait six étapes dans l’année puis cela a baissé d’année en année. Aujourd’hui, le foil a fait son apparition et il progresse. Beaucoup vont s’y mettre, d’autres se mettent au surf de gros comme Kai Lenny, Caio Vaz, anciens champions du monde de sup surf. J’avoue que je commence à m’intéresser également au foil et au surf de gros. Il y a plus de chances d’avoir de gros sponsors de ce côté-là. »

Tu as déjà surfé à Teahupo’o ?

« Oui, en 2014 et j’ai bien géré mais je n’y suis pas retourné depuis. J’ai peur mais j’essaie de rester confiant et j’essaie de me dire que je ne vais pas toucher le récif mais en fait on finit toujours par toucher le récif ! (rires) »

Tu as une deuxième passion pour la musique ?

« Oui, parfois quand il y a des anniversaires ou le week-end quand on s’ennuie, chacun prend un instrument et on chante. Je joue du clavier, de la guitare, du ukulele… mon grand-père m’a appris un peu l’accordéon. »

 

Tu as reçu le trophée du meilleur ambassadeur ATN 2019, ta réaction ?

« Quand je fais mes publications, j’essaie de mettre en avant Air Tahiti Nui, je pense que c’est grâce à ça que j’ai pu gagner le trophée du meilleur ambassadeur. C’est sûr que c’est un bon coup de projecteur. Le fait de voir que j’ai également gagné la catégorie meilleur athlète montre que le sup surf est malgré tout une discipline qui compte, surtout que c’est face à des champions. Cela fait la promotion de ce que peut être un « waterman », c’est à dire quelqu’un qui passe ses journées à l’eau et qui pratique plusieurs sports nautiques. »

Comment es-tu perçu en tant que Tahitien sur le World Tour ?

« Je suis bien intégré, je connais tout le monde. Ils savent que je viens d’un endroit où les vagues sont magiques même s’ils savent que ce n’est pas évident d’arriver jusqu’à chez nous. J’essaie de les convaincre en leur disant que je peux les accueillir chez moi et qu’on pourra aller surfer ensemble. »

Un dernier mot, un remerciement ?

« Je remercie toute ma famille, les amis, mon grand-père qui m’accompagne dans toutes mes étapes, mon frère, ma copine qui sont toujours derrière moi et bien sûr tous mes sponsors. »


Jean-Michel Raioha :

Tu es le principal soutien de Poenaiki ?

« On est très proches. Devant « le monde », je suis son grand-père mais au quotidien, il m’appelle « papa ». Poenaiki est très doué. On ne peut pas ne pas le suivre, le soutenir, surtout au niveau de sa préparation. Cela fait plus de dix ans qu’on lui apporte un soutien moral et financier. »

Comment cela se passe au niveau budget à l’étranger ?

« On est obligé d’aller à l’étranger pour les compétitions et au niveau budget, c’est sûr que ce n’est pas évident. Il y a la question des billets d’avion, du logement, de la nourriture… On est juste au niveau du budget surtout que, pour être compétitifs, on doit assurer environ cinq déplacements chaque année qui coûtent chacun environ 500 000 xpf, sauf à Hawai’i où on a un contact avec qui on peut faire des échanges de services. »

Son but est de réussir à vivre de sa passion ?

« Poenaiki a quitté l’école en juin 2018, c’est pour ça que depuis on s’est consacré à 100% à sa carrière professionnelle. Il m’a dit « papa, je veux me mettre à fond dans le stand up paddle surf ». Je l’ai prévenu qu’il allait souffrir avec moi et on est partis dans cette voie-là. On a changé notre façon de travailler. On verra s’il arrivera à vivre de son sport, on va essayer. Certains lui demandent déjà de donner des cours mais pour l’instant il se focalise sur ses entrainements, sur sa carrière de compétiteur. »

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SB

l'auteurPN

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