Portrait – Tahiti Sport Management : Avaro Neagle, l’agent qui propulse les talents

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Avaro Neagle, fait partie de ces jeunes polynésiens qui vont au bout de leurs rêves ! Partie à 18 ans en Métropole, elle a beaucoup bougé entre Paris et Marseille, avant de revenir au Fenua en 2016. A 33 ans, cette ancienne militaire spécialisée en télécommunication, est une féru de karaté qu’elle a longtemps pratiqué. A son palmarès les championnats de Polynésie, et plusieurs podiums aux Océania d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Tahiti. Après avoir brillé sur les tatamis, et forte de son expérience à l’étranger, Avaro a décidé d’aider les athlètes polynésiens à se professionnaliser en montant la première agence du Fenua : Tahiti Sport Management, l’agence qui propulse les talents ! SportsTahiti vous propose de découvrir son portrait :

Ia ora na Avaro, peux-tu nous présenter un peu ton parcours ?

Ia ora na tout le monde. Côté sport j’ai pratiqué du Karaté Shotokan de 14 ans à 21 ans avec Christophe AGNIE du club de Karaté Punaruu. Grace au sport j’ai pu voyager et faire beaucoup de combats à l’étranger. Mais c’est lors de mes derniers Oceania à Tahiti en 2011, que j’ai eu un déclic. J’ai décidé de solliciter un coach perso en prépa physique, qui est Dominique Adonon, pour perdre du poids et gagner en explosivité. Et cela a payé, car j’ai eu de très bon résultats coté forme en finissant sur le podium. C’est là que j’ai compris que l’accompagnement technique était primordial pour un athlète. Pour avoir de super performances, il faut s’entourer d’un maximum de personnes compétentes dans leurs domaines pour avoir le petit plus qui te permet d’atteindre tes objectifs.

Ensuite, lorsque j’étais sur Marseille, j’ai rencontré Ruth Soufflet, championne du monde par équipe, d’Europe et de France de Karaté. Elle a voulu que je m’occupe de sa préparation mentale. D’abord étonnée de cette proposition j’ai décidé de relever le challenge. Je fais pas mal de recherches, mais surtout j’ai contacté au culot le préparateur mental des nageurs de Marseille, Thomas Sammut. Il est le préparateur mental de Florent Manaudau entre autres (sourire). Il a accepté de m’aider, m’a prise sous son aile, et m’a énormément appris.

Cela m’a conforté dans l’idée que l’aspect « BACK OFFICE » était super important. Faire partie de cette TEAM qu’on ne voit pas quand l’athlète à sa médaille d’or autour du cou est quelque chose que j’aime.

Puis la vie m’a ramené à Tahiti en 2016. Ici j’ai réalisé très vite que nous n’avions pas d’aide pour les sportif dans le haut niveau, ou tout simplement peu de sportif qui ont un haut niveau, et qui pourtant sont excellents. L’associatif marche bien, l’amateur aussi mais pas le professionnel.

Du coup c’est ce qui t’a poussé à créer Tahiti Sport Management (TSM) ?

Exact ! TSM est une agence spécialisée dans l’accompagnement et le suivi du sportif. C’est-à-dire qu’en fonction des objectifs d’un athlète, je définis avec lui ses besoins (alimentaires, compléments alimentaires, paramédical, financier, voyages, coachs, vêtements etc..) pour qu’il puisse atteindre ses objectifs dans les meilleures conditions.

Je suis l’intermédiaire entre les organisations, clubs, sponsors et athlète. C’est une relation tripartite. Je dois m’assurer que le sportif ne soit pas lésé dans les négociations et que tout le monde en sorte gagnant. Je  gère sa communication, son image et je négocie des contrats en Polynésie ou/et à l’étranger. Je m’assure aussi, en travaillant avec un avocat, que la partie légale et que les intérêts de l’athlète soient bien respectés.

Je gère plusieurs aspects en fonction des besoins : sportif, extra sportif et reconversion. Un agent doit anticiper les besoins de l’athlète et gérer au mieux sa carrière pour que celui-ci ne se concentre que sur son sport, ses entraînements et ses compétitions. En gros, je chouchoute les athlètes (rire). Un agent sportif travaille essentiellement avec un carnet d’adresse, un ordinateur et un téléphone. Je dois concilier entre sa vie de famille, professionnelle (si l’athlète travaille…encore pour vivre) et sportive. Mais je gère également des demandes venant d’associations sportives, de clubs, ou de fédérations. Car ceux qui travaille en fédération sont souvent bénévoles pour la plupart, et ce n’est pas leurs métiers de faire ce que je fais. 

Comment t’est venue l’idée de le faire ?

En fait l’idée est née en Juin 2016, quand j’ai vu qu’à Tahiti ce n’était pas facile pour un athlète de se faire une place au haut niveau. Non pas parce que son niveau n’est pas bon, mais parce que ce n’est tout simplement pas son job !

Il faut avoir un réseau, savoir se vendre, faire de l’administratif, faire tes dossiers, prévoir des photos ou vidéos pour chercher des sponsors… bref c’est un métier à part entière et ça prend beaucoup de temps. Les athlètes pensent que je cherche « juste » des sponsors mais ça ne représente que 35% du travail.

A Tahiti il y a énormément de talents, beaucoup y arrivent avec ce qu’ils peuvent, ça marche bien, ils ont des copains qui connaissent des copains qui vendent des vêtements, ou des compléments… Et si l’athlète a beaucoup de médailles on commence un peu à parler de lui. Mais quand tu veux dépasser un certain seuil, passer de « Très Bon » à « Elite », tu es obligé de faire un choix stratégique pour ta carrière. Faire appel à un agent intervient souvent à ce stade-là. A l’international avoir un agent est une évidence.

Un agent te fais gagner du temps et quand on sait que la carrière d’un sportif est souvent de 15 ans voir 10 ou 5 ans pour certains sports, le calcul est vite fait. La différence entre un sportif qui réussi et celui qui reste sur la touche c’est que l’un à un très bon agent et l’autre non (rire) !

Avaro, quelles sont les principales difficultés que tu as rencontré ?

Je n’ai pas eu de difficultés à créer ma boite. Il faut dire qu’à Tahiti les démarches sont plutôt simples. En plus il y a quelques mois, j’ai suivi des cours que propose la Business Maker Academy de Steeve Hamblin, où on apprend tout ce qu’il faut pour créer et développer des projets. Cela m’a beaucoup aidé. 

Ensuite comme je m’entoure de personnes compétentes comme la société .COM, JT Consulting Solution ou Websight, ça va ! Il faut s’avoir bien s’entourer, être bien conseillé, choisir avec soin ses collaborateurs… C’est important dans le démarrage d’une société.

Les difficultés viennent surtout sur ce qu’on ne maitrise pas, c’est-à-dire la décision de sponsors potentiels qui ne suivent pas, ne croient pas au projet ou n’ont pas les finances tout simplement. Alors on s’adapte et on trouve un plan B ou C. Mais je ne me décourage absolument pas car je suis convaincu que d’une manière ou d’une autre, j’aurais tout ce qu’il faut pour que l’athlète soit dans de bonnes conditions pour réussir.

Comment devient-on agent de sportif ?

Il n’y pas d’étude pour être agent. En France ça existe mais uniquement pour le foot. On apprend des généralités mais le vrai métier est sur le terrain. Je pense qu’il faut avoir une grande confiance en soi, du charisme et beaucoup de culot (rire) ! Ma plus grande qualité est de n’avoir absolument peur de rien. J’ai confiance dans tout ce que je fais. J’ai des compétences que je mets au service de ces sportifs, qui méritent qu’on s’occupe d’eux. J’ai aussi un très bon feeling et j’écoute très souvent mes intuitions. Et dans 99% des cas, ça marche toujours ! (sourire) 

Travailles-tu déjà avec des athlètes ?

Oui, Flore HANI, une combattante MMA, boxeuse et lutteuse. Avec elle par exemple je m’occupe de tout. Les sponsors vêtements, équipements, les voyages pour partir en compétitions, les compléments, la nourriture. le paramédical avec un masseur et un osthéo, un coach perso pour sa prépa physique, un coach pieds-poing, MMA et lutte… Elle va donc dans 3 salles différentes. Plus une salle de fitness du centre-ville qui lui accorde l’entrée pour qu’elle puisse diversifier ses entraînements et faire du cardio en salle de fitness pour casser la routine.

Pour les combats, je négocie actuellement avec un club à Brisbane (Australie), pour prendre en charge son entrainement et l’inscrire dans des organisations importantes la-bas. Et tout ça fait partie intégrante de mon boulot d’agent. Mon but est que Flore ait tout à dispo ici et partout où elle se déplacera. Je travaille pour que dans un futur proche elle puisse se déplacer avec  toute sa team. Son coach, masseur/soigneur et un assistant que gèrera toute la partie communication, comme tous les professionnels. Quand on veut être pro il faut déjà se sentir pro à l’intérieur de soi-même et ne jamais douter de ce qu’on est capable de faire. IL FAUT VOIR GRAND (sourire) !

J’ai des athlètes qui commencent à m’approcher, ils sont d’abord curieux et c’est normal, ce n’est pas encore dans les habitudes en Polynésie. Quelques clubs aussi sont intéressés par mon travail. Pour du ponctuel, des projets bien précis. Car je peux très bien rencontrer un athlète seul comme un club ou une fédération, sans problèmes.

Quels sont tes projets pour 2017 ?

D’abord et avant tout, que tous les objectifs sportifs de Flore soient atteints ! Je pourrai dire que j’ai fait du bon boulot. Puis continuer à promouvoir mon métier en rencontrant tous les coachs, voir tous les clubs pour faire un travail d’information et de prospection. Je suis aussi en négociation avec 2 autres agences spécialisées dans le sport pour d’autres gros projets …mais ça fera partie d’une autre interview (rire) !

As-tu un mot de la fin ?

Oui, je sais que beaucoup vont se dire à la fin de cette lecture : « Mais combien ça coûte d’avoir un agent ? » (rire). Je vais juste répondre que mes tarifs dépendent de vos objectifs et de vos besoins pour les atteindre. A partir de là le travail à fournir est complètement différent.

Ensuite en général, pour le travail d’agent ça fonctionne sur commissions, je prends pour un début 10% sur le chiffre. C’est à dire par exemple que si un athlète gagne un « price money » de 100 000 cfp, je prends 10 000 cfp.

Enfin Avaro, quel est ton conseil pour les sportifs du Fenua ?

Quand vous vous fixez des objectifs, soyez ambitieux, ne vous limitez pas, voyez GRAND. Gardez confiance en vous. Sachez-vous entourez de bonnes personnes, compétentes, et quand elles le sont, ayez confiance en eux. Vous avez tous un don, exploitez le au maximum en ne laissant rien ni personne vous dire que ce n’est pas possible.

Et surtout ne vous découragez pas devant un « NON » , car derrière vous aurez 2 « OUI ».

Enfin je voulais dire merci à tous ceux qui me soutiennent, famille, ami, collaborateurs, qui me poussent et m’aident. Merci à  Flore qui me fait confiance, et aux sponsors qui la soutiennent car c’est la plus belle des reconnaissances pour mon travail.

Pour prendre contact avec Avaro Neagle, rendez vous sur la page facebook Tahiti Sport Management, ou par téléphone au 89.23.63.01.

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